Résumé BABELIO
Qui a lu l’œuvre publiée de Yann Moix sait déjà qu’il est prisonnier d’un passé qu’il vénère alors qu’il y fut lacéré, humilité, fracassé.
Mais ce cauchemar intime de l’enfance ne faisait l’objet que d’allusions fugaces où était traité sur un mode burlesque alors qu’il constitue ici le coeur du roman et qu’il est restitué dans toute sa nudité.
Pour la première fois, l’auteur raconte l’obscurité ininterrompue de l’enfance, en deux grandes parties (dedans/dehors) où les mêmes années sont revisitées en autant de brefs chapitres (scandés par les changements de classe, de la maternelle à la classe de mathématiques spéciales).
Dedans : entre les murs de la maison familiale.
Dehors : l’école, les amis, les amours.
Roman de l’enfance qui raconte le cosmos inhabitable où l’auteur a habité, où il habite encore, et qui l’habitera jusqu’à sa mort, car d’Orléans, capitale de ses plaies, il ne pourra jamais s’échapper.
Un texte habité, d’une poésie et d’une beauté rares, où chaque paysage, chaque odeur, chaque mot, semble avoir été fixé par des capteurs de sensibilité saturés de malheur, dans ce présentéisme des enfants martyrs.
Aucun pathos ici, aucune plainte, mais une profonde et puissante mélancolie qui est le chant des grands traumatisés.
Mon Avis
S’agissant de ce livre lorsqu’on a été soi-même dans des relations toxiques, on ne peut que comprendre ce qui se passe aujourd’hui! Il est important pour moi d’en parler afin de dénoncer toute cette histoire médiatique et les coups portés à l’auteur!
Celui-ci a senti le besoin de parler, de dénoncer ce qu’il avait vécu durant sa jeunesse. Difficile de se remettre de tels sévices. Cette mise à nu a suscité un retour fracassant de sa famille, qui a alors cherché à le détruire par tous les moyens et plus particulièrement sa réputation. Ce qu’ils ignoraient ou n’ont pas mesuré c’est l’esprit combattif de l’auteur et son réseau d’amis prêt à intervenir touchés par l’injustice.
Une question m’a taraudé l’esprit : depuis quand des bourreaux reconnaissent leurs méfaits ouvertement ? Comment a-t-on pu croire sa famille parce qu’elle le démentait ?
Tout simplement, je pense parce que l’enfance maltraitée reste un sujet tabou et que Yann Moix a des détracteurs qui s’empressent de le démolir à la première occasion, ajoutons à cela toutes ses phrases mal placées, ses provocations et son désir inconscient sûrement de se détruire un peu plus. Eh oui quand on a été sali et humilié, il n’est pas rare de continuer à le faire, poussé par des pulsions autodestructrices. Mélangez tous ces éléments et voilà le détonateur !
Cette parenthèse faite, la lecture de ce livre a été plus qu’éprouvante pour moi.
Le livre se divise en deux parties,
« Dedans ». Le roman est découpé en fonction de sa scolarité : de la maternelle aux classes préparatoires, et nous raconte son calvaire chez lui. On assiste là à de vrais actes d’une cruauté sans nom. Les coups pleuvent, crachats, injures, l’enfant, en CP, abandonné, la nuit en pleine forêt ou plus tard deux jours entiers dans la cave sans nourriture, entre-autres joyeusetés… Passages d’une rare violence où l’auteur n’a trouvé qu’une échappatoire la lecture. La littérature deviendra sa passion. Il finira par vouer un culte à André Gide, oui mais voilà Gide est homo donc Yann l’est forcément, tare qu’il faut faire disparaître !
Lire cette partie, comme je l’ai dit plus haut, m’a traumatisée pendant plusieurs jours car on ne peut que se demander pourquoi avoir des enfants ? pourquoi les gens ont regardé sans rien dire ? leur silence équivaut pour moi à être complice !
La seconde partie
« Dehors » en apparence plus soft, est découpée de la même manière, mais il n’y a plus de violences physiques de la part des parents, non la violence est celle que Yann se fait subir à lui-même et les humiliations qui iront de pair. Difficile de savoir s’y prendre dans le monde extérieur quand on a connu que la violence physique et les humiliations. J’ai eu mal pour lui, tant devient perceptible ce qui va se produire. Yann a vu dans les mots une bouée de sauvetage et par là même s’est imaginé que les autres (les femmes surtout) pourraient en comprendre le sens, quand il tente de se livrer. On assistera donc à de vrais camouflets, parfois publics. Yann se met à nu comme jamais, nous dévoilant ici son enfance et son adolescence. Il s’expose aux critiques pour mieux nous dire qui il est vraiment.
Il entre dans une période masochiste ou après avoir subi, il se fait subir à lui-même. Comment peut-on s’aimer soi-même quand on a connu que des tortures et des insultes par ses parents ?
Un livre dense, fort et qui a le mérite de traiter de l’enfance maltraitée, bien trop souvent cachée. Quiconque s’essaie à en parler prendra le risque de voir l’ire et la haine se décupler !!!
Un livre que je vous conseille de lire pour vous faire votre propre idée sur ce qui se passe vraiment. En ce qui me concerne je le crois malgré les évènements et n’oublions pas le but de ce livre : parler aussi des victimes.
N’oublions jamais que les victimes d’hier pourraient être les bourreaux de demain, si elles ne sont ni écoutées ni soignées. Le phénomène de répétition peut aussi les amener vers d’autres bourreaux à l’âge adulte. C’est dès l’enfance que nous devrions agir pour arrêter ce cercle vicieux
Par ailleurs je tiens à rajouter que le style littéraire de Yann MOIX est une pure merveille. Le juste emploi du passé simple, et des temps en général, loin d’alourdir le texte ne fait que le rendre plus beau encore!
Pour conclure, je dirais que tout finira par se savoir et nul douta que ce qui arrive aujourd’hui permettra à l’auteur de guérir de son passé, il faut parfois passer par de grandes violences pour que la lumière jaillisse.
Merci Yann d’avoir osé dire et merci aux éditions Grasset de mettre la maltraitance infantile en avant, malgré la polémique et le reste que je ne cautionne pas mais qui s’explique et prend sûrement sa source dans cet enfer!